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Performance d'Aerocene Explorer à Salinas Grandes de Jujuy, Argentine (2017).

 L’utopie d’un avenir 
 la tête dans les nuages 

Performance d'Aerocene Explorer à Salinas Grandes de Jujuy, Argentine (2017).

© Photography by Joaquin Ezcurra / Courtesy of the Aerocene Foundation and CCK Agency

Ce n’est pas une nouvelle, notre façon de vivre modifie négativement l’environnement dans lequel nous, mais aussi le reste des organismes vivants, vivons. S’il est plus facile de nier ou de crier au complot, à la manière des climatosceptiques, il est aussi possible d’imaginer comment agir autrement. C’est ce sur quoi Tomás Saraceno planche, et ce, de plusieurs manières. Le palais de Tokyo (Paris, 16e) a donné carte blanche à l’artiste argentin, qui a investi les lieux, dans le cadre de l’exposition « ON AIR », pour nous présenter sa vision de l’avenir.

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Au cours de l’évolution de l’humanité, le monde s’est industrialisé sans que l’homme, malheureusement, prenne en compte l’impact que cela aurait sur le climat, la faune et la flore. Depuis le milieu du XXe siècle, les activités humaines ont fait subir des modifications – physiques, chimiques et biologiques – majeures et indéniables à la Terre. De nombreux scientifiques sont d’accord pour dire que nous sommes dans une nouvelle période, appelée anthropocène (1). Cette dernière succède à une période, l’holocène, traversée d’importants changements climatiques ; elle-même précédée, il y a environ 11700 ans, par une période glaciaire. Si le comportement humain a un impact négatif sur la Terre, qu’est-il envisageable de faire pour inverser cette tendance ?

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Pour Tomás Saraceno, l’art offre la possibilité d’imaginer un futur où nous serions plus en phase avec notre environnement, loin des énergies fossiles et de tout ce qu’elles impliquent (2). Un futur où l’on prendrait conscience des ressources qui nous entourent pour les utiliser à bon escient. Si ses projets semblent irréalisables, cet utopiste sait repousser les limites de la faisabilité en défrichant des terrains encore inconnus. Pour ce faire, plusieurs employés, répartis dans différents secteurs (design, architecture, anthropologie, biologie, ingénierie, histoire de l’art, curation, musique), travaillent dans son studio berlinois. Défini comme un collectif de travail, le studio Tomás Saraceno contribue à la réalisation des œuvres de l’artiste.

Il collabore également de façon régulière avec des spécialistes aux compétences multiples, une hybridation des savoirs qu’il juge bénéfique pour ses projets. Ses explorations et expérimentations sont aussi l’occasion pour ses collaborateurs de progresser dans leurs domaines respectifs. Tomás Saraceno a été amené à travailler avec le Centre national d’études spatiales (CNES), l’Institut de technologie du Massachusetts (MIT) et l'Administration nationale de l'aéronautique et de l'espace (NASA). Formé à l’architecture et à l’art, ses domaines de compétence s’étendent à mesure que les années passent, un projet en entraînant un autre. D’un véhicule solaire à une cité dans les nuages, des toiles d’araignée à la structure de l’univers, d’un cerf-volant à une place flottante : voilà un échantillon des travaux de cet artiste, qui envisage l’avenir dans les airs.

(1) Le terme « anthropocène » a été popularisé par Paul Crutzen, Prix Nobel de chimie en 1995. Pour en savoir plus sur le sujet, lisez le magazine La Recherche n° 520 (février 2017).

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(2) Isabelle Hanne et Coralie Schaub en ont fait un récapitulatif dans Libération le 8 mai 2017 : « Fossiles : dix raisons de sevrer la planète. » À lire sur le site du journal.

Transport

 

À une époque où le réchauffement climatique est constamment remis en question, bien que l’utilisation des énergies fossiles soit reconnue comme néfaste pour l’environnement, Tomás Saraceno se lance dans la collecte mondiale de sacs plastiques pour en faire un objet volant. Ce projet prend forme en 2007 sous le nom de Museo Aero Solar – en collaboration avec des équipes scientifiques de la NASA et du CNES – et s’inscrit dans l’épopée du ballon solaire (3). Un moyen de transport, découvert par accident en 1794 par les frères Montgolfier, qui n’utilise ni combustible, ni panneau solaire, ni batterie, ni quelque gaz rare que ce soit. Le principe de l’artiste est simple : enserrer de l’air dans une membrane ultra fine faite de sacs liés les uns aux autres ; attendre que le soleil ou les radiations infrarouges émises par la surface de la Terre chauffent l’air ; la sculpture s’élève, qui se laisse diriger par le vent. Un concept loin des conflits générés par le marché des énergies fossiles, qui nous rappelle que le soleil et le vent sont des ressources infinies et qu’il ne tient qu’à nous de les employer à bon escient.

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Aerocene – ou l’ère aérienne – est rapidement devenu le projet de tout une communauté. Composée d’artistes, de géographes, de philosophes, de penseurs, de scientifiques spéculatifs, d’explorateurs, d’aérographes, de technologues et de rêveurs, toute personne peut aider son évolution. Vous souhaitez participer ? Une explication pour construire sa propre sculpture volante est disponible sur leur site Internet. Ou vous pouvez aussi en acheter une prête à l’usage.

« Aerocene est un projet sur l’amitié ; sur les relations entre l’air, l’univers, les humains, le soleil, les animaux, les plantes, les planètes. C’est un projet qui montre comment un enthousiasme partagé peut devenir le terrain d’entente pour des rêves partagés. C’est un projet où la temporalité change, où l’énergie et l’inspiration deviennent des ressources sans fin. Je ne peux que souhaiter que cette famille s’agrandisse toujours plus (4). »

Transportation
Le Museo Aero Solar prend son envol, ici près de Florence en Italie (2009).

Cette sculpture est un assemblage de sacs plastiques collectés dans le monde entier. Le Museo Aero Solar prend son envol, ici près de Florence en Italie (2009).

© Courtesy Museo Aero Solar and Tomás Saraceno

(3) Introduction à l’histoire du ballon solaire (en anglais) : http://aerocene.org/history-of-ballooning/

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(4) Propos de Tomás Saraceno, tirés du catalogue Exhibition Road.

Performance d'Aerocene à White Sand, Nouveau-Mexique (2015).

Repousser les limites est un enjeu quotidien pour Tomás Saraceno. Le 8 novembre 2015, à White Sands (un désert de sable blanc au Nouveau-Mexique), Aerocene a fait voler sept personnes en toute sécurité pendant environ deux heures et cinquante-cinq minutes, établissant un record mondial. L’artiste précise que ce même vol aurait consommé 324 litres de combustible en avion et 27 litres en ballon solaire, quand son procédé ne nécessite rien de la sorte – que ce soit pour le gonflage, le trajet ou la descente.

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Cette avancée ouvre des perspectives sur un avenir où le vol en Aerocene serait possible. Mais comment organiser un trajet quand c’est le vent qui vous porte, me direz-vous ? C’est une question qui a déjà sa réponse : le Float Predictor. Un système spécialement conçu pour prévoir les flux aériens et ainsi choisir le meilleur jour pour voyager d’un point à un autre. Parcourir le ciel avec la sensation de flotter dans l’air, telle une araignée sur sa toile, ne pas subir la pesanteur tout en étant respectueux de son environnement, Icare serait jaloux…

Une fois l‘Aerocene rempli d'air, le soleil se charge de la chauffer. Au fur et à mesure que la température monte à l‘intérieur du ballon, celui-ci se détache du sol. Performance à White Sand, Nouveau-Mexique (2015).

© Studio Tomás Saraceno

Toile d'araignée visible à l'exposition On air, au Palais de Tokyo, Paris (2018).
Arachnologie

Arachnologie

 

L’araignée ne possède pas de ballon pour flotter dans les airs. Mais il nous est tous arrivé d’en voir « nager » dans l’air ou encore installées dans un hamac presque transparent. Formée de fils de soie entrelacés, la toile d’araignée est une architecture suspendue complexe qui existe sous une multitude de géométries différentes. Les scientifiques s’en sont souvent inspirés pour parler de la structure de l’Univers, en se servant du terme « toile cosmique ».

 

Passionné par les araignées et par l’Univers, Tomás Saraceno a fait des toiles un sujet d’étude multidisciplinaire, rapprochant des spécialistes de la cosmologie (5), de la biologie, de l’arachnologie et de l’architecture. Pour mieux comprendre comment sont réalisées ces architectures, l’artiste argentin a réuni, dans son studio, différentes araignées dites sociales – elles vivent en collectivité, contrairement à la majorité des différentes espèces d’araignées. Il les a ensuite laissées tisser autour de structures métalliques carrées qu’il a spécialement conçues à cette fin. Pour analyser ces structures complexes, il les a numérisées en trois dimensions. Ce type de numérisation n’ayant jamais été réalisée, il lui a fallu inventer un procédé alliant la technique de la tomographie (6) à des lasers. Une fois numérisées, les données collectées ont été interprétées par un expert du MIT (7).

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Voilà comment Tomás Saraceno a pu, en 2010, se lancer dans la reproduction d’une toile de veuve noire de seize fois sa taille originale. Nouée à la main, cette toile géante, appelée 14 Billions (Working Title), est une prouesse non seulement artistique, mais aussi scientifique. Fait de 8000 fils élastiques connectés par plus de 23000 nœuds, cette structure est fixée sur chaque paroi d’une salle de 400 m3 qu’elle occupe entièrement. De quoi faire perdre toute notion de perception aux visiteurs, qu’ils se sentent réduits à la taille d’une araignée, ou agrandis à la taille d’une galaxie. Les nombreuses réflexions autour de ce projet ont permis le développement de plusieurs autres projets, dans différents domaines d’expérimentation : l’arachnologie, la biologie, l’ethnologie ou encore l’ingénierie.

 

Lors de la manipulation de son installation 14 Billions (Working Title), Tomás Saraceno a observé que toute la structure est connectée. Chaque mouvement se propage sur la toile tel un écho ; chaque action menée à un point précis a une incidence sur l’ensemble de la structure. Ou comme l’a dit Edward Lorenz : « Le battement d'ailes d'un papillon au Brésil peut-il provoquer une tornade au Texas ? » C’est ce sur quoi On Space Time Foam (2012) nous interroge. Une installation participative faite de plusieurs couches de PVC superposées, suspendues à 24 mètres du sol dans un hangar, entièrement accessible aux visiteurs. À mesure que des personnes prennent place et parcourent l’œuvre, celle-ci se module : s’affaisse d’un coté pour s'élever de l’autre, rendant visible l’impact de chacun sur l’environnement de son voisin. « Ainsi, les personnes qui partagent l'espace apprennent rapidement et instinctivement la nécessité d'établir un équilibre, agissant de manière responsable envers les autres (8). » Une plus grande conscience sociale pour un mieux-vivre ensemble.

Toile d'araignée visible à l'exposition On air, au Palais de Tokyo, Paris (2018).

Il existe de nombreuses sortes de toiles d'araignée, comme cette toile en dôme (ci-dessus). Tomás Saraceno possède une grande variété dans sa collection. Certaines sont visibles à l'exposition On air, au Palais de Tokyo, Paris (2018).

© Studio Tomás Saraceno

(5) La cosmologie est une « science qui étudie la structure, l'origine et l'évolution de l'Univers considéré dans son ensemble » (source : Larousse).

L'installation 14 Billions (working title) visible au Bonniers Konsthall, Stockholm (2010).

L'installation 14 Billions (working title) visible au Bonniers Konsthall, Stockholm (2010).

© Studio Tomás Saraceno

(6) La tomographie est une technique d’imagerie qui permet de reconstruire le volume d’un objet à partir d’une série de mesures effectuées par tranches depuis l’extérieur de cet objet.

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(7) Voir l’article du MIT : https://arts.mit.edu/spider-update/

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(8) Tomás Saraceno, décrivant son installation On Space Time Foam.

Montage réalisé pour représenter l'idée de l'artiste d'une citée dans les airs.
Architecture

Montage réalisé pour représenter l'idée de l'artiste d'une citée dans les airs.

© Studio Tomás Saraceno

Architecture

 

Architecte de formation, Tomás Saraceno a toujours été motivé par la nécessité de concevoir une nouvelle façon d’habiter notre planète. Pour lui, le rôle de l’architecture ne se limite pas à la construction de bâtiments. Cette science s’applique à toutes les constructions, qu’elles soient humaines, animales ou naturelles ; et ces constructions ne peuvent se limiter au seul sol. Alors l’artiste envisage quelques modifications à son projet Aerocene. En agrandissant et en rigidifiant la structure, celle-ci pourrait devenir un habitat dans le ciel. Et plusieurs habitats réunis pourraient former une cité aéroportée, dont la forme évoquerait un agrégat de bulles. Ce projet, appelé Air-Port-City (9), offre la possibilité de se déplacer sans les restrictions politiques, sociales, culturelles ou militaires d’aujourd’hui. Et remet en question les notions de nationalité et de propriété foncière.

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À la poursuite de cette idée, Tomás Saraceno a imaginé une structure à géométrie tridimensionnelle (appelé Weaire-Phelan), qui serait faite de matériaux plus légers que l’air et qui serait capable de voyager dans l’atmosphère à l’aide du soleil et du vent. Celle-ci aurait également la possibilité de se connecter à d’autres structures identiques pour former des cités flottantes de la forme d’un nuage, d’où son nom : Cloud City (10).

En 2017, l’artiste argentin illustre ce principe en couplant deux projets : les toiles d’araignée et Cloud City. Il se sert de la résistance et de la souplesse des toiles de Cyrtophora citricola – une famille d’araignées d’Europe qui ont la particularité de faire des toiles dépourvues de fils gluants – pour faire tenir en suspension des structures similaires à Cloud City. Cette toile est fixée par différents points d’attache répartis du sol au plafond à la manière de son installation 14 Billions (Working Title). Le visiteur est libre de circuler dans cet univers réduit où ces cités flottantes semblent en lévitation ; immobiles dans un environnement en circulation. Cette installation, nommée Cloud Cities / Stillness in motion, nous rappelle que la Terre est perpétuellement en mouvement, que nous soyons mobiles ou non.

Cloud city, ici installée sur le toit du MET, New York (2012).

Cloud city, ici installée sur le toit du MET, New York (2012).

© Studio Tomás Saraceno

Cloud city / Stillness in motion en situation au SF MoMA, San Francisco (2017).

Cloud city / Stillness in motion en situation au SF MoMA, San Francisco (2017). Le visiteur avait la possibilité de circuler librement dans ces deux œuvres.

© Studio Tomás Saraceno

(9) Les projets de cités volantes font partie d’un ensemble appelé Cloud Cities : http://aerocene.org/cloud-cities/

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(10) Une présentation de Cloud City eut lieu sur le toit du MET (New York) : https://www.metmuseum.org/exhibitions/listings/2012/tomas-saraceno

La structure Solar Bell prend son envol lors de la demonstration réalisé en 2013 sur le site de Maasvlakte 2 à Rotterdam.

Dans un registre proche de l’habitat, le port de Rotterdam proposa, en 2012, à Tomás Saraceno de réaliser une œuvre pour l’ouverture de l’expansion du port (Maasvlakte 2). L’artiste proposa une place flottante qui s’élèverait grâce au vent, à la manière d’un cerf-volant. Inspiré du cerf-volant tétraédrique d’Alexander Graham Bell, le Solar Bell ressemble à une grande pyramide inversée, avec, sur chacune de ses faces, des triangles réfléchissants. Cette place devrait mesurer 600 mètres de haut et se composer de plusieurs paliers d’une capacité totale de plusieurs dizaines de personnes. Elle s’élève par la force du vent (11) et est recouverte de film photovoltaïque pour récupérer de l’énergie solaire. Comme la plupart des travaux de l’artiste, ce projet est en constante progression, un cheminement qui ouvre de nouvelles pistes à explorer.

La structure Solar Bell prend son envol lors de la démonstration réalisée en 2013 sur le site de Maasvlakte 2 à Rotterdam.

© Studio Tomás Saraceno

(11) Voir la vidéo de l’envol de l’œuvre : https://www.youtube.com/watch?v=R19nxMMj7v8

La structure Solar Bell prend son envol lors de la demonstration réalisé en 2013 sur le site de Maasvlakte 2 à Rotterdam.
Musique

Musique

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Pendant les recherches de formes de cerf-volant, menées pour le projet Solar Bell, est né un autre projet : Ring Bell – Solar orchestra and the wind structures. Une structure volante circulaire de dix mètres de diamètre, toujours inspirée des travaux d’Alexander Graham Bell. Prévue pour être, comme Solar Bell, une place volante qui accueillerait plusieurs personnes à son bord, elle est également équipée de flûtes. Sculptées pour ne pas avoir la même tonalité, celles-ci sont accrochées à la structure pour jouer lorsque le vent propulse ce gigantesque cerf-volant dans les airs. En plus de ces instruments, cette installation est recouverte de panneaux solaires qui engrangent de l’énergie. Une manière d’entendre le vent produire de l’électricité ?

La structure Solar Bell prend son envol lors de la demonstration réalisée en 2013 sur le site de Maasvlakte 2 à Rotterdam.

© Studio Tomás Saraceno

Les œuvres de Tomás Saraceno sont, pour la plupart, à un moment ou un autre, transformées en instrument de musique. Dans ce sens, la toile d’araignée peut être vue comme une guitare. Elle produit des vibrations auxquelles les pattes des arachnides sont sensibles. Ces ondes permettent à son hôte de localiser, à la manière d’un sonar, les proies capturées ou encore de dialoguer avec ses congénères. Mais est-ce que ces vibrations émettent du son ? Avec la collaboration d’un arachnologue, d’un biologiste, de musiciens et d’ingénieurs du son, Tomás Saraceno a réfléchi à un moyen de traduire les infrasons produits par le pincement de la soie lors du déplacement des araignées sur leurs toiles. Diffusés sur des haut-parleurs en temps réel, les sons émis stimulent en retour leurs mouvements et propulsent dans l’air de fine particules de poussière. Celles-ci dansent dans le faisceau de lumière qui éclaire les toiles, et deviennent, pour le spectateur, une nuée d’étoiles.

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Des toiles d’araignée à la toile cosmique, voilà ce que nous propose l’artiste. Rendre audible des vibrations que notre audition ne saisit pas, tout comme certaines vibrations produites par la rotation de la Terre, la fonte des glaciers, les baleines… Ces Arachnid Orchestra Jam Sessions nous transportent vers un monde acoustique inconnu qui relève de la science-fiction. Outre l’aspect cosmique, rendre audible ces infrasons permet de mieux comprendre comment communiquent certains animaux. Ce que nous ne percevons pas n’est pas inexistant, et l’artiste nous le prouve.

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Le travail de Tomás Saraceno, et de son collectif, s’articule donc autour de ses visions utopiques dans lesquelles l’être humain se reconnecte avec son environnement. Il se sert de ses études sur les toiles d’araignée pour comprendre la cosmologie ou pour interpréter des infrasons, qu’il va mettre en musique. Il conçoit des véhicules et des habitations qui flottent dans le ciel grâce à l’énergie solaire et au vent. De nombreux scientifiques se joignent à ses projets – pour les faire avancer, mais aussi pour faire avancer leurs études. Ce qui amène à se demander où est la limite entre l’art et la science dans son travail. Et il n’est pas le seul à être dans cette situation. Dans ce cas, l’art anthropocène (12) pourrait-il être une médiation face aux enjeux écologiques actuels ?

Plusieurs microphones captent les vibrations produites par la toile d'araignée._00047.jpg
Plusieurs microphones captent les vibrations produites par la toile d'araignée.

Plusieurs microphones captent les vibrations produites par la toile d'araignée. Différentes Arachnid Orchestra Jam Sessions eurent lieux, ici (de haut en bas) au Museum für Naturkunde de Berlin (2014) et au NTU Centre for Contemporary Art à Singapour (2015).

© Studio Tomás Saraceno

© Courtesy of NTU CCA Singapore

(12) Pour en savoir plus sur l’art écologique, ou art anthropocène, lisez Un art écologique. Création plasticienne et anthropocène, de Paul Ardenne (Éditions Le Bord de l’eau, 285 p., 27 euros).

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