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La création d'Adam (1508-1512), de Michel-Ange

© DR

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 Le beau 

Il nous est tous arrivé de nous gratter la tête, sceptiques, face à ce que d'autres nous décrivent comme « beau ». Et même s'il est certain que cette notion relève d'une appréciation personnelle, subjective donc, il est tout de même récurrent, dans l'art, qu'elle soit un argument. Mais est-ce que l'esthétique est la finalité à rechercher à tout prix ? Participer à des débats sur l'art m'a permis de constater que, d'une manière générale, la Renaissance italienne est vue comme la crème de la crème. Et elle est souvent en comparaison avec des travaux récents, tel un but à atteindre ou égaler. À la manière des arguments avancés par les critiques de l’époque à propos des impressionnistes, au XIXe siècle. Mais n'est-ce pas un peu facile de mettre en avant un canon largement validé par l'histoire de l'art – sans savoir trop pourquoi d'ailleurs – pour ne pas avoir à détailler ce que l'on ressent face à des œuvres complexes sur lesquelles on a encore peu de travaux d’analyse pour assurer sa propre appréciation ? Prenons l'exemple de La Joconde. Combien de personnes veulent voir ce tableau de Léonard De Vinci, élu plus célèbre tableau au monde, par envie et non par pur conformisme ?


Le « beau » est pourtant critiquable. L'élégance d'une œuvre ne tendrait-elle pas à masquer son manque de fond ? Ne serait-ce pas de la fainéantise que d'obtenir l'approbation du public par l'utilisation de ce subterfuge équivalent à l'abus d'images de chaton sur internet ? Certes ce qui est plaisant à voir procure une sensation agréable mais, la surprise, le dégoût, la tristesse ou encore la colère provoquent des sensations tout aussi intéressantes. Kant, dans L'Analytique du beau, avance clairement que ce jugement n'apporte rien à la connaissance de ce qui est étudié, mais plutôt de celui qui l'étudie.

 

« C’est beau ». Il suffit de remplacer cette affirmation par son contraire, « c’est moche », pour se rendre compte de sa futilité. Adolescent, et rebelle, je me souviens avoir utilisé à outrance « c’est de la merde » pour qualifier ce que je n’aimais pas. En retour, on me rétorquait que cela n’explique en rien mon aversion et qu’il faudrait à l’avenir que je développasse de quoi argumenter sur mon avis. Je ne suis pas sûr qu’une réponse de type « c’est beau » aurait eu besoin de développement. Pourquoi donc ? Est-ce parce que ça donne la sensation d’un accord tacite sur le fait que nous puissions penser la même chose, sans réellement savoir ce que pense l’autre ? Ou veut-il être un substitut à « cela me procure une sensation agréable » ? Je ne sais pas trop. Mais pour savoir pourquoi on aime quelque chose, il est préférable de proposer un peu plus qu'un simple « c'est beau. »

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